Atelier d'Urbanité

 L’Atelier d’Urbanité réunit une vingtaine d’architectes, d’urbanistes, de géographes, de paysagistes et graphistes. Notre approche est analytique et sensible. Elle s’appuie sur le tangible et l’indicible. Elle n’omet ni le réel, ni l’imaginaire, ni le symbolique, pour que chaque lieu, chaque espace, se révèlent comme unique et concourent à l’identité du territoire dans lequel ils s’inscrivent. Nous travaillons tous ensemble à la production de sens et de récit en puisant dans l’infini de l’échelle de l’intime, à celle de la ville, des métropoles et des territoires.

Notre démarche s’enrichit de tous les champs disciplinaires qui permettent la mise en œuvre des conditions incontournables au bien vivre et au vivre ensemble. Aux projets commandés, nous ajoutons les projets rêvés, les commandes que nous nous faisons. Ces projets contiennent et expriment nos recherches, nos réflexions, nos intuitions, nos convictions dès lors qu’il est question d’améliorer ou d’anticiper les besoins et les usages de notre environnement et de nos contemporains. 

Nous partons et nous faisons toujours avec le déjà là. C’est la scène de départ, avec ses grandes et petites histoires, avec ses petits et ses grands enjeux. La capacité de la ville à se réécrire, à se refaire sur elle-même, est toujours questionnée et convoquée dans notre manière d’aborder la conception. À l’observation inventoriée et analytique succède le scénario, la préfiguration d’une suite à donner au récit en présence. 

C’est ainsi que nous qualifions le plus justement notre méthode de conception, en considérant tout site comme une histoire à continuer sans jamais renoncer à l’invention et sans mépris pour l’existant. Scénariser c’est voir sous tous les angles, révéler l’invisible, fabriquer du sens, convoquer la poésie. Scénariser c’est constituer les conditions d’une intention qui trouve sa place puis d’un projet qui est à sa place et ce à toute les échelles. Du territoire au quartier, de la rue à l’amabilité d’une façade, de l’angle de la rue au Rez-de-Chaussée, du hall à chez soi.

La ville durable se conçoit comme un tissage d’usages communs et individuels répondant à l’évolution des modes de vie où les liens se construisent dans des lieux et vice versa. Nous défendons toutes les possibilités de tissage et de nouage qui permettent de sortir du zoning, de l’univocité des usages et des fonctions. La mixité des usages au sein du bâtiment, de la ville, du territoire commence par une pensée décloisonnée qui s’autorise l’invention de nouvelles formes urbaines et architecturales, génératrices d’intensité et de convivialité.

L’appropriation est une valeur déterminante lorsqu’il est question du vivre ensemble. La rendre possible, c’est penser et répondre aux besoins individuels tout en ménageant la part du commun. C’est le vivre ensemble. C’est rendre possible et enrichissante la vie en commun sans omettre l’individu. C’est soi et les autres, soi parmi les autres, soi avec les autres. Notre pratique, et notamment la rénovation des grands ensembles que nous menons depuis près 40 ans, nous a confronté au vide abyssal auquel pouvait mener la pensée du pour tous lorsqu’elle omet le chacun.  

"Le Corbusier a fait de l’habitat pour tous, nous nous faisons de l’habitat pour chacun"

C’est l’éloge de la métamorphose de l’image, du vécu et du statut, c’est aussi une contribution singulière à la pensée architecturale et urbaine contemporaine. Cette pratique nous permet depuis plus de 40 ans de penser la mutation des grands ensembles et des bâtiments et représente l’alternative à la table rase. Le remodelage est un renversement radical et émancipatoire permettant, au récit de la ville de reprendre son cours sans offenser la mémoire du lieu et de transcender la situation d’impasse urbaine, sociale, économique et symbolique dans laquelle il est enfermé et enferme. 

Le droit à l’urbanité c’est pour chacun le sentiment d’une égalité apparente de destin commun dans une ville dont chacun sait qu’elle est possible pour tous et accessible à tous. Il se définit par la qualité des espaces publics, leur beauté, leur proximité, et la fierté de chacun pour l’endroit où il habite. Du quartier, à la rue, de la cage d’escalier jusqu’au séjour. L’urbanité ce n’est pas être simplement loger, ou se loger, c’est habiter dans un lieu identifiable, qui reconnaisse par sa dignité, la vôtre, qui que vous soyez.

L’urbanité commence dans la rue. La rue qui mélange les genres en discontinuité, qui fait parler ses RDC, fait sourire ses bâtiments et qui raconte l’histoire du quartier, avec sa part de repères, de courts chemins et de secrets, et dont chacun peut se réclamer. 

"En finir avec : je suis de là-bas, de la Zuppe"